Ambassadeur du monde animal au sein des hommes, le chien très tôt a eu droit à sa propre habitation. Le nom de sa maison est son anagramme « niche ». Ces petites habitations portatives, dans lesquelles on loge les animaux de toute taille, sont fort anciennes, car déjà mentionné dans l’Inventaire de Clémence de Hongrie en 1328. La première mention qu’on rencontre de ces réduits luxueux figure dans l’Etat des meubles de la Couronne de 1697. Au 18ème siècle, les niches pour animaux de compagnie se propagent un peu partout, dans les salons de compagnie, dans les escaliers et les demeures de plaisance. Les habitations se réduisent pour accueillir des petits bijoux animaliers dans leurs habitations luxueuses en marqueterie ou recouvertes de tissus de choix. Les heureux élus sont cajolés de sucreries.
La société du 18ème, non contente de disposer dans ses salons d’animaux véritables, veut multiplier leur représentation dans les intérieurs. Les animaux prennent forme en porcelaine, en bronze et se cachent même dans le mobilier. La peinture animalière, elle aussi évolue, à mesure que ces petits chiens deviennent des personnalités auprès de leurs maîtres. D’abord représenté dans un intérieur animé ou une décoration végétale, le chien et sa niche deviennent l’unique objet du tableau à la fin du 18ème siècle. L’attrait de l’exotisme transforme la société française, le chien fidèle est supplanté par de nombreuses autres attraits : cages d’oiseaux exotiques, animaux extraordinaires (lion, éléphant, girafe).
C’est seulement à partir du 17ème siècle avec le développement des arts décoratifs que naissent les niches d’intérieur, meubles spécifiques conçus pour les chiens et les chats.
Ces niches, allant de la caisse tapissée au meuble d’ébénisterie, peuvent se répartir en quatre catégories principales :
Dans le grand salon sur la table dressée, un petit chien en porcelaine de Meissen est posé sur un piétement d’époque Louis XVI avec ses guirlandes de feuilles de chênes, le coussin et les pieds en bronze doré. Dans la chambre de Louise-Aimée sur une commode en marqueterie estampillé de Ellaume, se trouve réuni une collection d’animaux en porcelaine et en bronze. Dans le goût chinois, on remarque une paire de chiens au pelage peint au naturel en rouge de fer, et une autre série en blanc. Au pied de chaque bougeoir, une paire de chenets en bronze ciselé dans le goût de Caffieri orné d’un couple de chiens allongés en bronze à patine noire sont du 18ème siècle. Aussi dans le goût de Caffieri, au centre, les deux serre-livres représentant deux petits carlins en bronze patiné sont assis sur des coussins en bronze doré. Samson, génie de l’imitation de la porcelaine de Meissen du 18ème siècle, a produit un grand nombre de chiens en porcelaine. Les deux grands king’s charles en porcelaine blanche en sont un précieux exemple.